Sur la table chauffante, tu es déjà plus "rose". Tu es palpée, retournée, examinée... Tu cries sans qu'aucun son
ne sorte, j'ai mal avec toi. On m'explique l'origine de ta douleur : Ton épaule a été sacrifiée pour que tu puisse sortir vite ("mais d'ici quelques jours, elle n'aura plus mal" hum, ok ). On te
donne du doliprane liquide et t'emmène un peu plus loin dans une pièce avec une table à langer chauffante digne de Startreck. Là, on calcule ton taux d'oxigène qui se révèle être un peu bas.
Une des femmes de l'équipe (curieux ça, je réalise que je n'ai croisé aucun homme ce soir, tu es née dans un monde de femmes... aïe) prend une sorte de cylindre de la taille de mon
pouce, et m'explique en me le tendant qu'il s'agit de faire remonter ton taux d'oxygène en le plaçant à 1-2 cm de ta bouche et ton nez.
Le tube souffle son oxygène, et les chiffres remontent doucement sur l'écran de la machine à laquelle il est relié.
Quelques sons (petits cris plaintifs étouffés) commencent à sortir de ta bouche. Une larme coule sur ma joue, en silence ; si j'ai mal avec toi, je commence pourtant à sentir autre
chose en moi que peur et douleur... Je commence à me dire que tu es à l'abri du danger (les chiffres continuent de monter), je commence à me sentir heureuse. La peur s'éloigne, je te parle. "Sois
la bienvenue, je t'aime".
(à venir : lettre à
Mary)